Match 44
Huitièmes de finale
18 juin 1986
La Corregidora, Querétaro (38,500)
Danemark - Espagne 1-5 (Arb: Jan Keizer, P-B)
Buts: 33' J. Olsen (1-0 Pen), 43' Butragueno (1-1), 56' Butragueno (1-2), 68' Goikoetxea (1-3 Pen), 80' Butragueno (1-4), 88' Butragueno (1-5 Pen)
22 Lars Hogh (Odense KB, 27)
3 Soren Busk (MVV Maastricht, 33)
4 Morten Olsen (C) (Sp. Anderlecht, 36)
5 Ivan Nielsen (Feyenoord, 29)
9 Klaus Berggreen (Pise, 28)
6 Soren Lerby (Bayern Munich, 28)
21 Henrik Andersen (Sp. Anderlecht, 21) J > 60'
10 Preben Elkjær-Larsen (Hellas Vérone, 28)
11 Michael Laudrup (Juventus, 21)
12 Jens Jorn Bertelsen (FC Aarau, 34)
8 Jesper Olsen (Manchester United, 25) > 71'
Remplaçants
7 Jan Mølby (FC Liverpool, 22) < 71'
19 John Eriksen (Feyenoord, 28) < 60'
Sélectionneur Sepp Piontek (ALL)
1 Andoni Zubizarreta (Ath. Bilbao, 24)
2 Tomás (Atl. Madrid, 25)
3 José Antonio Camacho (C) (Real Madrid, 30) J
18 Ramon Calderé (FC Barcelone, 27)
5 Víctor (FC Barcelone, 29)
8 Andoni Goikoetxea (Ath. Bilbao, 29) J
9 Emilio Butragueño (Real Madrid, 22)
14 Ricardo Gallego (Real Madrid, 27)
11 Julio Alberto (FC Barcelone, 27)
19 Julio Salinas (Ath. Bilbao, 23) > 46'
21 Míchel (Real Madrid, 23) J > 83'
Remplaçants
17 Francisco (FC Séville, 23) < 83'
20 Eloy (Sp. Gijon, 21) < 46'
Sélectionneur Miguel Muñoz
Résumé
Le Danemark a été certainement l'équipe la plus impressionnante lors du Premier Tour, sorti en tête du groupe le plus relevé avec 9 buts inscrits pour un seul encaissé. Berggreen, Bertelsen et Nielsen sont de retour parmi les titulaires, la suspension d'Arnesen redistribue les cartes dans ce noyau. Ce huitième est le plus attendu car l'Espagne a montré de très bonnes choses depuis le début et n'est pas loin du niveau des meilleurs de cette Coupe du Monde; le sélectionneur remplace juste Francisco par Julio Alberto. Ca part avec une faute de main de Berggreen empêchant un débordement adverse, ça devrait être jaune. Le cuir est possédé par le Danemark dans ces minutes d'entame, les espagnols tentent dès la récupération de lancer sur les flancs mais souvent pour personne. La 1ère occasion est danoise avec Berggreen qui centre de la droite, vers le 1er poteau à la fois sur Laudrup et sur M. Olsen mais dans le petit-rectangle aucun des deux ne peut franchement frapper, c'était tendu. On joue beaucoup avec Berggreen comme avec Arnesen lors des parties précédentes. Percée de J. Olsen dans la surface à droite mais Alberto ne le lâche pas, du coup le médian ne peut lui aussi tirer à l'aise. Julio Alberto de volée dans les parages du coin gauche voit sa reprise atterrir sur le toit du but, ça aurait été un but sensationnel. Sur une contre-attaque le ballon traîne un peu à aller vers le rectangle espagnol donc Elkjaer-Larsen décide de tirer de loin, à mi-hauteur ça flirte avec le montant. Quinze minutes grosso-modo dominée par le Danemark mais l'Espagne reste présente. Plusieurs centres scandinaves sont complètement loupés en quelques secondes. Les espagnols envisagent des attaques mais avec pas suffisamment de monde, leur bloc stagne assez bas. Perte de balle dans l'axe, affolement dans la défense danoise car Camacho va jusque dans le rectangle mais son centre ne donne rien, belle frayeur. Butragueno de l'entrée des 16 mètres décale Michel qui écrase sa frappe. Bon moment pour la Roja avec plusieurs offensives plutôt intéressantes, les danois sont avertis, l'Espagne peut être aussi dangereuse. D'ailleurs la possession est passée momentanément aux espagnols. Après la 20e l'Espagne a clairement rééquilibré les choses. Carton pour Henryk Andersen et pour Goikoetxea qui stoppe Elkjaer-Larsen rudement; les espagnols sont mécontent estimant que le danois tombe seul ! Un peu de déchet dans ces minutes autour de la demi-heure. Elkjaer-Larsen devant le rectangle joint Berggreen qui fait un bel appel dans un espace, le joueur de Pise est fauché, penalty. Jesper Olsen le botteur officiel, bat aisément Zubizarreta, 1-0. Les espagnols rouspètent longtemps mais la faute était évidente; cela dit on s'engueule aussi entre coéquipiers ! Beaucoup de hors-jeu sont sifflés, des deux côtés. Belle opportunité sur un centre de la droite, prolongé de la tête, Michel saute mais est trop court et Alberto bien seul de demi-volée met au-dessus ! Tir de Michel nettement à côté, c'est un forcing espagnol mais attention au contre d'Elkjaer-Larsen, il déboule depuis la médiane prend un relais avec Laudrup à 20 mètres et se retrouve en position heureusement pour l'Espagne et le suspense c'est manqué tout comme 20 secondes plus tard avec J. Olsen qui repique depuis la droite, se met sur son gauche et essaie d'enrouler, ça file loin du but. L'égalisation est signée Butragueno mais sur une bourde monumentale de Jesper Olsen qui le long de la touche sans regarder, envoie vers ce qu'il pense être Hogh, mais c'est imprécis et Butragueno opportuniste place en roulette battant le keep qui n'était plus dans sa cage, 1-1. Score somme-toute logique.
Eloy prend la place de Salinas, ce qui présage un changement de tactique devant, et sur sa 1ère action l'ailier de Gijon n'est pas loin de provoquer un penalty, il est bousculé mais l'arbitre ne bronche pas, à priori bonne décision. Dans ces minutes le jeu penche pour l'Espagne qui s'installe dans la moitié adverse mais au bout de quelques minutes on revient au postulat de départ avec le Danemark dominant. Tir totalement raté de Berggreen des 20 mètres. Deux fautes espagnoles signalées mais pas jaunies comme elles le devraient car elles callent des actions intéressantes. Nouveau rush d'Elkjaer-Larsen souvent inarrêtable dans ce genre de situation, il va jusqu'à shooter mais trop au centre puis juste après l'attaquant est envoyé dans la profondeur le temps de se mettre en position de tir aux 16 mètres, Camacho revient le gêner, Elkjaer-Larsen tire au-dessus. 1-2 par Butragueno, sur un coup de coin en 1ère zone Camacho prolonge de la tête entre le penalty et le petit-rectangle ou Butragueno trop libre propulse au fond de la tête. Trop de laxisme défensif sur ce corner de la part des danois avec deux non-duels dans la surface. Jaune pour Michel. Comment vont réagir les danois qui n'ont jamais été dans cette posture de courir après le score ? Un attaquant (Eriksen) à la place d'un défenseur (Andersen). Le Danemark se remet rapidement à la planche. Bon tir cadré d'Eriksen du bord du rectangle, Zubizarreta plonge dessus. Mauvaise relance côté danois, Michel récupère s'avance quasi sur la ligne du grand-rectangle, il frappe mais Hogh détourne sur Butragueno qui joue le ballon décentré, son petit centre est attrapé par le keep. On sent la nervosité maintenant et dans les deux camps; Eloy fait une belle montée au jeu. Sur un ballon de Michel vers Butragueno en profondeur dans un boulevard, l'attaquant dépasse à la course Busk, celui-ci fait trébucher le madrilène, penalty. C'est Goikoetxea qui s'élance et en force donne deux buts d'avance aux siens 1-3. Le Danemark est mal en point ! Avec seulement 20 minutes pour inscrire deux buts et obtenir des prolongations. L'Espagne a repris le jeu à elle, le Danemark étant K.O. debout. Morten Olsen depuis 10 bonnes minutes évolue un cran plus haut ce qui laisse des libertés aux avants ibères. Action sur la gauche qui atteint Laudrup dans la surface, son tir en demi-volée est en plein sur le gardien. Long arrêt pour Goikoetxea à cause d'une faute grossière d'Elkjaer-Larsen. Ce même Elkjaer-Larsen avec un superbe crochet met dans le vent un défenseur, et s'ouvre la voie pour un face-à-face décalé sur lequel Zubizarreta s'oppose bien au tir. 1-4 lorsque Michel sert sur la droite Eloy, l'ailier centre à ras de terre devant le petit-rectangle ou Butragueno trompe facilement Hogh. Moins de dix minutes avec les danois qui tiennent le cuir mais loin de la cage adverse, le coeur n'y est plus ! Michel sort pour éviter des ennuis. Les scandinaves remettent de la vitesse dans les courses avec notamment Laudrup mais en vain. Butragueno dans la surface à gauche, dos au but se retourne en faisant un tour de passe-passe, M. Olsen le fait tomber et le référée donne un troisième penalty indiscutable. Cette fois c'est l'attaquant du Real qui se présente pour inscrire un quadruplé et rattrapé ainsi Lineker en tête du classement des buteurs, ce qu'il fait. En conclusion, le résultat est une surprise surtout à cause de l'ampleur de la défaite danoise. Le score ne réfléchit évidemment pas le contenu de la rencontre, les danois après avoir ouvert méritoirement la marque sont rejoint sur une erreur puis se font avoir sur une phase arrêtée et enfin laissant trop d'espaces aux avants espagnols se font punir sévèrement, leur hermétisme s'est envolé. L'Espagne défiera donc une Belgique, boostée par son match mythique face à l'U.R.S.S. cela promet !
Homme du match: Emilio Butragueno
C'est le premier quadruplé depuis 20 ans en Coupe du Monde avec Eusebio contre la Corée du nord. Butragueno a fait preuve de son opportunisme avec des buts de "tueur de surface" car finalement on ne l'a pas énormément vu dans d'autres secteurs du jeu, mais dans le rectangle il est un danger permanent. Plusieurs éléments de ce match ont été brillants, et même des danois Lerby, Elkjaer-Larsen ainsi que Alberto, Michel (à la base de toutes les actions offensives) et Eloy lors de sa montée.