Match 47
Quarts de finale
22 juin 1986
Stade Aztèque, Mexico (114,580)
Argentine - Angleterre 2-1 (Arb: Ali Bin Nasser, TUN)
Buts: 51' Maradona (1-0), 55' Maradona (2-0), 81' Lineker (2-1)
18 Nery Pumpido (River Plate, 28)
2 Sergio Batista (Argentinos Juniors, 23) J
5 José Luis Brown (Déportivo Espanol, 29)
7 Jorge Burruchaga (FC Nantes, 23) > 75'
9 José Luis Cuciuffo (Velez Sarsfield, 25)
10 Diego Maradona (Naples, 25)
11 Jorge Valdano (Real Madrid, 30)
12 Hector Enrique (River Plate, 24)
14 Ricardo Giusti (Independiente, 29)
16 Julio Olarticoechea (Boca Juniors, 27)
19 Oscar Ruggeri (River Plate, 24)
Remplacements
20 Carlos Tapia (Boca Juniors, 23) < 75'
Sélectionneur Carlos Bilardo
1 Peter Shilton (Southampton, 36)
2 Gary M. Stevens (Everton, 23)
3 Kenny Sansom (Arsenal, 27)
4 Glenn Hoddle (Tottenham, 28)
6 Terry Butcher (Ipswich Town, 27)
18 Steve Hodge (Aston Villa, 23)
16 Peter Reid (Everton, 29) > 69'
17 Trevor Steven (Everton, 22) > 74'
10 Gary Lineker (Everton, 25)
20 Peter Beardsley (Newcastle United, 25)
14 Terry Fenwick (Queen's Park Rangers, 26) J
Remplaçants
11 Chris Waddle (Tottenham, 25) < 69'
19 John Barnes (Watford, 22) < 74'
Sélectionneur Bobby Robson
Résumé
Autre classique du football que ce Argentine - Angleterre. Léger avantage dans les pronostics pour l'Albiceleste mais l'Angleterre s'est bien réveillé lors de ses deux derniers matchs avec à chaque fois trois buts inscrit et un Lineker au sommet de sa forme. Bobby Robson réaligne Fenwick derrière tandis que Bilardo écarte à nouveau Pasculli, pourtant unique buteur contre l'Uruguay, et voit la suspension de Garré. Les duettistes Beardsley, Lineker donnent le coup d'envoi. Il est difficile d'approcher les rectangles en ce début de partie, l'Angleterre y parvient deux fois par les flancs. La possession est à l'avantage de l'Angleterre mais d'un rien, les anglais avancent tandis que les argentins tentent de repartir en reconversion. Peter Reid tâte des crampons de Cuciuffo puis Fenwick fait la 1ère tentative au but à la 6e, ça passe au-dessus. Sur un numéro de Maradona, Fenwick fait faute et prend jaune; le coup-franc est donné par Maradona lui-même et est fortement dévié par le mur cependant le cuir retombe dans le cadre, Shilton doit par sécurité mettre en corner. Ruggeri place une tête loin de la cage, il était resté devant suite à un coup de coin. Temps-fort argentin ou bien est-ce que la sélection sud-américaine prend le dessus ? Sur un ballon en profondeur à priori perdu, Pumpido commet une bourde en ne réussissant pas à contrôler, complètement excentré Beardsley a récupéré le cuir mais sa tentative de lob fini dans le filet extérieur. Les deux équipes s'attaquent en alternance mais à nouveau c'est compliqué d'arriver aux rectangles, on cherche beaucoup, presque automatiquement Maradona mais les anglais le savent ! L'Argentine a une autre séquence de domination, beaucoup de justesse dans les interventions de la part des arrières britanniques. Collectivement les anglais n'avancent plus, ils perdent trop de passes dans la verticalité. Il y a des actions de l'Argentine jusque dans la surface adverse mais jamais rien de limpide pareil en face avec par exemple Beardsley qui veut jouer un tir contré de Lineker, Pumpido capte. Les épisodes de domination argentine ne dépasse que rarement les deux minutes en durée ensuite cela se rééquilibre à chaque fois. Giusti balance Shilton, rien de méchant par contre les anglais font souvent des fautes notamment pour arrêter Maradona; coup-franc à 21 mètres brossé par Maradona à côté. Les argentins misent sur ces coups de pied arrêtés après la 30e. Les seuls moments ou l'on sent un frisson, c'est lorsque Maradona accélère balle au pied. Manchette dans le visage de Maradona, pas sur que ce soit volontaire mais tout de même ! Une mi-temps ou les défenseurs ont clairement pris la mesure des attaquants, de la cadence et de l'engagement mais aucune occasion de but !
L'Argentine remet du rythme tout de suite surtout via des courses, aussi un peu dans les transmissions. Puis voilà 5 minutes qui vont marquer l'Histoire du foot mondial ! Diego Maradona excentré sur la gauche à 40 mètres des buts anglais, part dans un raid devant la cage il tente un relais avec Valdano dont le contrôle est raté mais le défenseur anglais fait une floche et envoie le cuir vers Shilton dans les airs, surgit alors Maradona qui boxe du poing le ballon par-dessus le keep de Southampton ! Le but devrait être évidement annulé, mais l'arbitre ne signale rien, les anglais protestent, ne comprenant pas bien ce qu'il se passe avec cette tricherie tout comme les observateurs qui ont tous vu ce but de la main. L'Angleterre s'installe rapidement dans le milieu alors que Maradona aux environs du rond central intercepte le cuir, il efface deux hommes par un tourniquet, sprinte dans le couloir droit dépasse d'autres joueurs adverses, va jusqu'au rectangle ou toujours à grande vitesse, il lâche les derniers anglais avant de se retrouver dans la surface décalé et voit foncer moyennement sur lui Shilton qu'il passe aussi d'un crochet large et marquer dans le but déserté, 2-0 but de légende. Diego Maradona comme pour réparer son action frauduleuse, réalise un exploit que lui seule ou presque pouvait faire. L'équipe aux Trois Lions est K.O. debout ! Le score n'est pas volé car l'initiative est argentine depuis maintenant une heure. L'Angleterre occupe la moitié adverse; Beardsley prolonge presque une ballon au petit-rectangle sur une touche mais ce sera coup de coin. On amène des longs ballons dans les 16 mètres, il est probablement trop tard. Beardsley de volée alerte Pumpido qui prend aisément, l'attaquant de Newcastle avait été gêné dans son geste. Reid sort pour Waddle, plus offensif. Encore un avant-bras derrière l'oreille de Maradona cette fois, il reste couché un moment. Pas de vraie réaction anglaise, on ne parvient pas à entrer dans le rectangle en position de tir alors on balance des ballons. Glenn Hoddle à quasi 25 mètres, enroule autour du mur (mal placé donc) un coup-franc que Pumpido sort de la main. Quelques minutes plus tard, Pumpido se fait soigner pour une douleur au coude. Tête trop haute de Fenwick sur un corner. L'Angleterre augmente son forcing mais est incapable d'avoir une véritable occasion. Au tour de John Barnes de monter, on est à la 75e, et Burruchaga laisse sa place à Tapia, joueur plus prudent. Coup-franc donné sur le côté du petit-rectangle ou Sansom d'une tête plongeante remet vers l'axe à Butcher dont la reprise arrive droit sur Pumpido. Le rendement offensif anglais dans ce match est insuffisant. À part sur phases arrêtées, on ne voit pas comment l'Angleterre peut revenir. Pourtant après une séquence alentour des 16 mètres argentins, Barnes donne un coup de rein le long de la ligne latérale gauche du rectangle et centre avec précision devant Pumpido ou Lineker place une tête piquée pour son 6ème but du tournoi, 2-1. Sur l'action suivante Maradona transmet à Tapia qui de l'entrée du grand-rectangle frappe au sol sur le piquet. De nouveau, on compte sur Maradona côté albiceleste à la fois pour apporter le danger, et aussi pour tenir le cuir. Faute de Fenwick qui devrait lui valoir une seconde carte jaune qui stoppe une percée de Valdano. Nouveau centre après débordement de Barnes (belle montée au jeu), son ballon au second poteau rentre quasi dans le but, Lineker et Olarticoechea en duel plongent et l'argentin du sommet du crâne réussi à repousser ! Énorme opportunité d'égaliser. Explosion de joie pour les argentins au sifflet final, on dirait qu'ils ont gagné le Mondial mais il y avait aussi un contexte géopolitique entre les deux nations. En conclusion, match qui restera durablement dans les mémoires des fans de foot du monde entier et qui fera jaser ! Pas tant par son contenu purement footballistique car le spectacle n'a pas été sensationnel, du moins jusqu'a ces deux actions de Maradona, la première étant une tricherie flagrante et la seconde étant un des plus beaux buts de tous les temps ! L'Angleterre est éliminée logiquement car l'équipe contrairement aux deux matchs précédents a été dans l'incapacité à créer des offensives viables. Il est évident que l'Argentine était plus forte mais que ce serait-il passé sans le but de la main ?
Homme du match: Ricardo Giusti
Normalement l'homme du match aurait du être, une fois de plus, Diego Maradona. Mais peut-on attribuer ce titre à un joueur ayant sciemment triché pour débloquer une situation apparemment inextricable ? Du coup, malgré le but d'extraterrestre du meneur de jeu à la 55e, on lui préfère l'élément qui couvre ses arrières. Giusti a énormément couru, bagarré et même apporté des passes vers les joueurs devant lui. Un travail de l'ombre qui permet à Maradona de s'attacher quasi exclusivement à la création.